Dietrich Fischer-Dieskau, la mort d’Orphée

Par Sylvain Fort | dim 20 Mai 2012 | Imprimer

Nécrologie

Pour Madame Julia VaradyFORUMOPERA
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1945. Sur les ruines de l’Europe détruite une nouvelle fois par la rage nationaliste, une silhouette se lève. C’est un frêle jeune homme de dix-neuf ans, un Allemand de Berlin, fait prisonnier par les Américains et retenu dans un camp en Italie. Il a été enrôlé deux ans avant dans la Wehrmacht, à peine son bac obtenu. Pour les prisonniers et les réfugiés, il chante Le Voyage d’Hiver de Schubert, et Bach, Schütz. Libéré en 1947, il reprend ses études de chant à Berlin. En décembre 1947, la radio américaine fait entendre la voix juvénile et sombre du baryton : Le Voyage d’Hiver, encore. Nul ne connaît alors ce fils d’un proviseur de lycée mort avant-guerre. Le disque circule, rareté. Fischer-Dieskau enregistrera Le Voyage d’Hiver de nouveau en 1952 (avec Reutter) et en 1953 (avec sa chère Herta Klust). En 1948, l’intendant de l’Opéra, Hans Tietjen, le demande en Posa pour son Don Carlos, à la grande joie de Ferenc Fricsay. Et lorsqu’en 1949, il se produit avec Herta Klust dans La Belle Meunière de Schubert au Titania-Palast, la salle est comble : deux mille personnes pour écouter ce chanteur de vingt-quatre ans. Ce n’est pas une sensation cela, c’est une révélation.
2012. Fischer-Dieskau est mort. Les hommages affluent. Les mêmes mots reviennent pour définir le baryton : tradition, curiosité, universalité, exemplarité. Fait singulier, il n’est pas un témoin qui ne rappelle sa première audition de Fischer-Dieskau….

SUITE

Schubert: Voyage d’hiver – En français et en espagnol (Muere viaje de invierno)

List of Titles of each of the 24 songs (with starting time in minutes):
Chant 1 (00.17): Gute Nacht – Good Night – Bonne Nuit – Buenas Noches
Chant 2 (05.40: Die Wetterfahne – The weather-vane – La girouette – La veleta
Chant 3 (07.31): Gefrorene Tränen – Frozen Tears – Larmes gelées – Lágrimas Congeladas
Chant 4 (09.53): Erstarrung – Numbness – Engourdissement – Entumecimiento
Chant 5 (12.43): Der Lindenbaum – The linden tree – Le tilleul – El tilo
Chant 6 (17.31): Wasserflut – Flood Water – Eau d’inondation – Agua de inundación
Chant 7 (21.31): Auf dem Fluße – On the river – Sur la rivière – En el río
Chant 8 (25.00): Rückblick – A look backward – Un regard en arrière – Una mirada hacia atrás
Chant 9 (27.18): Irrlicht – Will O’ the Wisp – Lumière fantôme – Luz fantasma
Chant 10 (29.45): Rast – Rest – Du repos – Descanso
Chant 11 (32.50): Frühlingstraum – Dream of spring – Rêve du printemps – Sueño de primavera
Chant 12 (37.02): Einsamkeit – Solitude – Solitude – Soledad
Chant 13 (39.36): Die Post – The post – La poste – El correo
Chant 14 (41.53): Der greise Kopf – The old man’s head – La tête du vieil homme – La cabeza del viejo Chant 15 (45.04): Die Krähe – The crow – Le corbeau – El Cuervo
Chant 16 (47.22): Letzte Hoffnung – Last hope – Dernier Espoir – Última esperanza
Chant 17 (49.19): Im Dorfe – In the village – Dans le village – En el pueblo
Chant 18 (53.00): Der stürmische Morgen-The stormy morning-Le matin d’orage-La tormentosa mañana Chant 19 (53.51): Täuschung – Illusion – Illusion – Espejismo
Chant 20 (55.50): Der Wegweiser – The sign post – Le poteau de signalisation – El cartel
Chant 21 (59.35): Das Wirtshaus – The Inn – L’auberge – La posada
Chant 22 (1.04.04): Mut – Courage – Le courage – El coraje
Chant 23 (1.05.30): Die Nebensonnen – The false suns – Les faux soleils – Los falsos soles
Chant 24 (1.08.17): Der Leiermann – The Hurdy-Gurdy Man – L’orgue – El organillo

Dietrich Fischer-Dieskau: Premiers enregistrements (une anthologie)

Dietrich Fischer-Dieskau est sans aucun doute l’un des plus grands chanteurs du siècle passé – et l’un de ceux avec la discographie la plus étendue . Pourtant, on note constamment la disparition du catalogue des premiers enregistrements pour la radio ou le gramophone, en particulier ceux qui couvraient le répertoire moins populaire. Et il y a un certain nombre de disques qui n’ont tout simplement jamais été publiés sur CD. La présente anthologie vise à combler cette lacune. Les ‘Quatre Chansons Sérieuses‘ de Johannes Brahms (CD 2) enregistrées en novembre 1949 pour la Deutsche Grammophon Gesellschaft (DGG) sont les premiers enregistrements de Lieder avoir été fait par le futur grand maître du répertoire Lied allemand. Le tout premier enregistrement sonore de Fischer-Dieskau – pour autant qu’on le sache – est également dans cette anthologie : la diffusion en direct du Stadtische Oper Berlin de Don Carlos de Giuseppe Verdi (en allemand, comme c’était alors la coutume) par RIAS (Radio in the American Sector) le 18 novembre 1948 ( CD 3). Le troisième de nos ‘premières’ est le premier enregistrement d’opéra par un baryton plus tard acclamé sur presque toutes les scènes du monde. Fischer-Dieskau chante le rôle de Ford dans Falstaff de Verdi, enregistré en janvier 1951 (CD 3).